Travailler dans la vigne, pour Pauline, c’était une vocation. Son père et son grand-père lui ont montré la voie. « J’adore travailler à l’extérieur. Et il y a toujours quelque chose de différent à faire, à apprendre. Il faut s’adapter au climat, aux intempéries. Chaque année est différente », explique-t-elle.
Elle a donc naturellement suivi des études de viticulture-oenologie, avant d’entreprendre un voyage, seule, vers la Nouvelle-Zélande pendant six mois. Une manière de découvrir d’autres façons de faire dans ce nouveau monde du vignoble.
« Les gens étaient très accueillants, très gentils. Ce qui m’a frappée, c’est qu’ils travaillent avec de très gros volumes, mais dans un esprit beaucoup plus cool que le nôtre. Nous, on est toujours stressé par la météo, le risque de telle ou telle maladie… J’ai aussi aimé leur relationnel : ils savent donner de l’autonomie aux jeunes travailleurs, et ils ne font pas de différence entre hommes et femmes. Si tu n’as jamais conduit de tracteur ou que tu n’as jamais fait de tonte, ils te disent : « Tu essayes, et si tu ne sais pas faire, on reviendra te montrer. » »
Conseillère viticole et vignerone raisonnée
De retour en France, elle a multiplié les stages en Bourgogne, aussi bien dans les cultures conventionnelles que bio. Elle a surtout étudié la vinification. Puis, elle s’est installée comme conseillère viticole pendant cinq ans dans les vignobles de Sancerre, Pouilly et Menetou-Salon. « Ça consiste à conseiller les viticulteurs, de la plantation à la production : sol, cépage, porte-greffe, maladies, insectes… Il existe tellement de choses que les viticulteurs ont besoin d’un appui technique parfois ».
Un travail qu’elle occupe encore aujourd’hui à mi-temps. Car depuis deux ans, elle a repris l’exploitation familiale, à la retraite de son père. Deux hectares de vignes, quatre cépages : pinot noir (40 %), chardonnay (30 %), rosé et sauvignon (15 % chacun). Elle produit 60 hectolitres par hectare.
« J’ai apporté ma patte sur la vinification, en gardant, quand c’est possible, des levures naturellement présentes dans le vin, plutôt que des levures déshydratées. Je souhaite aussi qu’on travaille dès cette année en fût plutôt qu’avec une cuve en fibre. Et j’ai modernisé l’étiquetage. Maintenant, j’aimerais poursuivre la gestion raisonnée en enherbant et en traitant le moins possible. Et pourquoi ne pas imaginer, dans cinq ans, une parcelle en bio. Pour autant, il ne faut pas tout révolutionner et exclure les avis des anciens. Il faut toujours demander conseil à ceux qui connaissent la vigne… »
Marlène Martin
Le Journal du Centre 13/07/2019